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COP30 à Belém : une “COP de la vérité” au bilan contrasté

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  • il y a 2 jours
  • 5 min de lecture

Réunis du 10 au 22 novembre 2025 au cœur de l’Amazonie, les 194 pays signataires de l’Accord de Paris ont clos une COP30 singulière, à la fois plus lucide que jamais sur l’état du climat et pourtant incapable d’opérer le sursaut espéré. Si l’édition brésilienne restera comme la “COP de la vérité”, tant elle a mis en avant le rôle central de l’information face aux fake news climatiques, elle s’achève sur un consensus minimal qui expose, pour beaucoup, les limites du système onusien, tout en confirmant que le multilatéralisme n’est pas mort.


manifestation COP30

La “COP de la vérité” : un tournant contre la désinformation climatique


Jamais une COP n’avait placé l’intégrité de l’information au cœur de son agenda officiel. Sous l’impulsion du Brésil, et alors que la désinformation climatique progresse à une vitesse alarmante  - +267 % de contenus trompeurs recensés depuis juillet - dix États, dont la France et le Brésil, ont lancé la Global Initiative for Information Integrity on Climate Change.


Cette coalition entend financer, via un appel à projets doté potentiellement de 30 millions de dollars, des actions visant à :

  • protéger l’accès à une information indépendante,

  • renforcer la transparence scientifique,

  • lutter contre les campagnes de manipulation,

  • soutenir les médias engagés dans la pédagogie climatique.


« Sans vérité, pas de confiance. Sans confiance, pas d’action », répète le président brésilien Lula, qui a fait de cette bataille une priorité diplomatique. La Déclaration de Paris sur l’action multilatérale pour l’intégrité de l’information (adoptée le 29 octobre 2025) l’affirme : une information fiable est un bien public commun.


Le “Mutirão” : un texte minimal pour éviter l’échec


La décision finale, baptisée “Mutirão - un terme tiré d’un mot autochtone tupi-guarani signifiant « effort collectif - a été adoptée sans enthousiasme mais sans opposition. Ce modeste consensus réaffirme l’engagement envers l’Accord de Paris, sans marquer une ambition nouvelle et sans mentionner les énergies fossiles. 


Le document final affirme que la transition mondiale vers un développement bas carbone et résilient est “irréversible” et s’accompagne de bénéfices économiques et sociaux, parmi lesquels la création d’emplois, la croissance, l’accès à l’énergie, la sécurité et la santé publique.


Il acte notamment : 

  • L’ambition d’un financement à grand échelle : mobiliser 1.300 milliards de dollars par an d’ici 2035, sous la conduite des pays développés, 

  • L’objectif de tripler les financements pour l’adaptation d’ici à 2035, un horizon cependant jugé trop tardif par de nombreux pays vulnérables, 

  • La reconnaissance de droits spécifiques aux peuples autochtones, aux femmes et aux travailleurs.


Pour la France, c’est un texte “sans ambition”, mais “rien d’inadmissible”. Pour Lula, à l’inverse, une “victoire du multilatéralisme”, dans un monde pourtant fragmenté et compte tenu de l’absence de la délégation états-unienne. Certains craignait un effet domino, mais cela ne s’est pas produit, et c’est significatif. 


rencontre dirigeants COP

Sortie des énergies fossiles : une bataille qui se joue désormais hors du texte officiel


Malgré la pression d’un bloc de plus de 80 pays comptant notamment les pays d’Europe, d’Amérique latine progressistes et des petits États insulaires, la COP 30 n’a pas adopté de feuille de route de sortie des fossiles. 


Pour contourner l’impasse, le président de la COP, André Corrêa do Lago, a annoncé :

  • une feuille de route volontaire sur la sortie des fossiles ;

  • une feuille de route contre la déforestation.


Ces processus parallèles rassemblent déjà 80 pays. La Colombie, très active, publie une Déclaration de Belém soutenant l’élaboration d’un cadre international et organisera une conférence dédiée en avril 2026. 


Isolement de l’Europe et victoire des pays producteurs d’énergies fossiles


L’Union européenne a défendu avec vigueur son mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM), contesté par la Chine, l’Inde et plusieurs économies émergentes qui souhaitaient le classer parmi les « mesures commerciales unilatérales ». Parallèlement, le Brésil a lancé une coalition mondiale des marchés carbone réglementés, soutenue finalement à la fois par l’UE et par la Chine, afin d’harmoniser les pratiques de tarification du carbone sans imposer un modèle unique.


Dans ce contexte, la Chine, l’Inde et les pays producteurs d’énergies fossiles sont parvenus à imposer une ligne plus prudente sur la régulation climatique internationale, mettant l’UE en position d’isolement et limitant sa capacité habituelle à entraîner les autres blocs vers des engagements plus contraignants.


Le verdict scientifique : l’échec du 1,5 °C est acté


La COP 30 aura au moins eu le mérite de la franchise en reconnaissant l’échec du premier objectif de l’accord de Paris, moteur de la coopération climatique : le monde ne va pas réussir à limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport au 19ᵉ siècle.


Les faits sont implacables : les onze dernières années ont été les plus chaudes jamais mesurées  et les engagements actuels mènent vers +2,8 °C d’ici 2100. De fait, aujourd’hui, seules 122 parties sur les 195 à l’accord de Paris ont à ce stade publié un nouveau plan climat : ce mécanisme de mise à jour tous les cinq ans des NDC, devant refléter "le niveau d’ambition le plus élevé" des parties, est pourtant au cœur de l’accord de Paris.


Pour de nombreux scientifiques et ONG, l’absence des mots “fossiles” et “déforestation” dans le texte Mutirão est une “trahison envers la science” et une incohérence totale avec l’objectif réaffirmé de limiter le réchauffement à 1,5 °C et de faire de cette COP une COP de la vérité. 


Une mosaïque d’engagements volontaires 


Plusieurs avancées, certes non contraignantes, ont néanmoins vu le jour et envoient des signaux positifs. Parmi celles-ci : 


  • La prise d’engagements volontaires sur le méthane et le charbon, avec notamment l'objectif de quadrupler la production de carburants durables et l’annonce de La Corée du Sud de supprimer progressivement ses centrales à charbon.

  • L’ouverture d'un nouvel espace de dialogue international, pour apaiser les tensions commerciales liées à la transition climatique, une victoire diplomatique pour Pékin, mais aussi un signe de maturité du processus multilatéral.

  • Le lancement du Plan d'action pour la santé de Belém, la première initiative mondiale ciblant les menaces sanitaires liées au climat, armé de 300 millions de dollars provenant de 35 organisations philanthropiques.

  • La formation de l’Alliance UNEZA : les entreprises de services publics se sont engagées à verser 66 milliards de dollars par an pour les énergies renouvelables et 82 milliards de dollars pour le transport et le stockage.

  • La création d'un Fonds pour la préservation des forêts tropicales, déjà doté de 5,5 milliards de dollars et comptant sur la participation de 53 pays, et qui promet de reverser au moins 20 % des ressources directement aux peuples autochtones et aux communautés locales.

  • D’autres initiatives variées portées par des entreprises, des villes, des fondations et des réseaux d’investisseurs, qui confirment qu'une part croissante de l’action climatique se déplace désormais en dehors du cadre strict des décisions de la COP.


Conclusion : une COP30 en demi-teinte 


Comparée aux ambitions affichées, la COP 30 reste en deçà des attentes et des nécessités. En particulier, le texte reste prudent sur un point crucial : aucune obligation claire n’a été adoptée pour sortir des combustibles fossiles. Elle constitue néanmoins une lueur d’espoir dans un contexte géopolitique instable, compte tenu des vents de climato scepticisme et du retrait des Etats-Unis. Elle a le mérite d’éviter l’effondrement du cadre multilatéral, de relancer des dynamiques volontaires et réaffirmer, malgré tout, l’Accord de Paris. 


Comme nous l’avons vu, pour la première fois, l’intégrité de l’information a été placée au cœur de l’agenda officiel : faut-il y voir un recul - en se focalisant davantage sur la véracité des données que sur l’ambition climatique elle-même - ou au contraire une avancée nécessaire pour instaurer la confiance, la transparence et ainsi l’efficacité de l’action collective ?


Sources : 







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